Ça y est ! Je suis en haut, seule !

J’aimerais dire : « De l’expérience d’être grande ». Une situation inconnue pour moi, mais quel sentiment de plénitude, de paix. Les grands sont-ils toujours bienveillants ? Pas certain, mais j’ai éprouvé ce sentiment d’accomplissement. L’envie de dire : « Vous qui passez, ne vous inquiétez pas, je veille sur vous, je pense à vous. » À ces Albanaises sans papiers, une pensée : « Cela va s’arranger ! » À ces gens qui me regardent : « Oui, je suis là, fidèle au poste. » À ces passants pressés : « Je veille à ce qu’il ne vous arrive rien. » Alors, pourquoi pas ? Les grands sont peut-être protecteurs, rassurants.

Je parlerai aussi de l’étonnement de faire quelque chose sans agir. Je suis là, à regarder, à observer, à imaginer ce que sont en train de faire ceux d’en bas et pourtant, je ne bouge pas, je ne parle pas, je ne fais pas de geste. Je suis avec moi-même, et ce n’est pas si désagréable.

Il y a aussi ce paysage. Les rayons du soleil qui frappent les tours du quartier Argentine, à les rendre presque belles. Les teintes roses, les nuages plus ou moins gris. La colline à droite et ses arbres, les clochers et surtout l’horizon.

Être libre, pouvoir respirer, profiter, embrasser le paysage, se sentir hors sol.
Avec les lumières de la ville, arrivent les klaxons. Il est temps de finir cette parenthèse pour un retour au quotidien. Une expérience enrichissante sur moi-même.

Juste un regret : ne pas avoir vu la nuit tomber, pour la joie de dire « Dormez, braves gens ».