Le temps apprend à s’émerveiller de ce qui émerge.
Le temps apprend à s’émerveiller de ce qui s’éprend.Petit à petit, la lumière se fait plus précise. On glisse doucement du monde des promesses au monde du réel. Du monde des ombres au monde des silhouettes. Petit à petit, la lumière indique les tâches à accomplir.
Au début, le noir encore. L’aube glisse ses doigts roses dans le ciel. (Il y a quelque chose de ça dans Don Quichotte, les doigts roses et l’aube.)Cette heure de veille, c’est un peu comme « l’écoute flottante », le regard flottant.
À un moment, j’ai pensé aux espèces qui vivent dans les grands fonds, dans les abysses, c’est-à-dire dans l’obscurité totale. Donc sans aube, ni crépuscule.
Je me suis demandé si elles avaient un équivalent, s’il existait, pour elles aussi, des aubes et des crépuscules que nous ne connaissons pas, mais qui les font rêver et méditer.Ce qui est beau dans cette heure de veille, c’est aussi l’intensité du moment.
Nous sommes construits de ce dont il ne reste rien, des intensités de moments que nous vivons et qui constituent des archipels de temps entre lesquels nous naviguons.Une existence ? Peut-être la navigation entre des îlots d’intensité.
Et puis, à un moment, j’ai pensé qu’il y a deux ans, il restait treize jours à vivre à ma mère.
La fin de la navigation, le dernier pont où l’on parvient.Et puis j’ai pensé aux chats d’appartement et à leur passion pour observer derrière la fenêtre.
J’ai compris qu’en fait, il se passe toujours quelque chose de passionnant de l’autre côté de la vitre : des énergies, des intensités, des choses en mouvement qui, à chaque fois, déclenchent un imaginaire épuisant.
Je comprends pourquoi ces chats d’appartement, après une heure derrière leur fenêtre, doivent dormir au moins quinze ou seize heures pour récupérer.En fait, veiller ainsi, c’est apprendre à être chat.


Xavier
ven 31.10 7H37
Matin